Mercredi 16 février: Adeline, mon expérience de médecine chinoise…
Ce chapitre montre comment une nouvelle activité de médecine chinoise se déploie sur un territoire. Il présente le mouvement naturel de la vie dans une Agora. Les gens partagent des choses. Cela fait écho. Cela entraîne de nouvelles initiatives qui font elles même écho. Ainsi va le mouvement de la vie. Je fais le vœux que notre société laisse le mouvement de la vie reprendre un cycle plus naturel. C'est possible et c'est vécu par des milliers de personnes en France.

Bonjour. Je suis Adeline, la boulangère. Je ne regarde pas trop l’almanagora en général, car il y a tant de choses à lire ! Et après avoir mis les mains dans la pâte et aux fourneaux, j’aime beaucoup crapahuter dans la nature. Mais c’est Jean qui m’a fait lire le témoignage de Julien, sur la médecine chinoise, qu’il a partagé il y a un mois, je crois. Et ça me donne envie de partager mon expérience. Mais avant, je lance un appel à Olga, qui habite à Chassal-Molinges et qui pratique la médecine chinoise depuis 2054. Je sais qu’elle est bien occupée, mais peut-être sera-t-elle ok pour venir une fois par mois à La Pesse ? Ou bien pour former quelqu’un ici ? La première fois que je suis allée la voir, c’était une période compliquée pour moi. Je ne sortais pas d’une dépression. Ma famille s’inquiétait beaucoup, et la chimie et les rendez-vous chez le psy n’arrangeaient rien. J’avais perdu mon élan de vie. Et je pensais l’avoir perdu à jamais… Alors, par désespoir de cause, mon père (qui n’est pas le plus grand convaincu des médecines « douces ») m’a pris rendez-vous au cabinet de médecine chinoise qui venait de s’ouvrir à Chassal-Molinges. J’ai su plus tard qu’il avait mis 6 mois à obtenir un rendez-vous, car Olga, encore apprentie, avait invité une ponte de la médecine chinoise, Monsieur Wu, qui pratiquait dans le sud de la France. Il avait accepté de faire son « petit apatriage interfrance » dans le Haut-Jura pour la coacher, et j’étais loin de me douter que c’est lui qui ouvrirait la porte. Mon père m’avait laissé devant la porte. Comme une sorte de piquet. Inerte. C’est un mot qui correspondait bien à mon état à l’époque, à la fois tétanisée par l’angoisse et abrutie par le désespoir. J’avais perdu toute initiative, celle de parler, de penser, de manger, de me déplacer, de vivre… La porte s’est ouverte. J’ai entendu un son grave, prolongé. Cela m’a étonné, malgré mon absence d’émotion, la surprise a difficilement émergé… Il ne m’a rien dit, il a désigné la salle d’attente et a refermé la porte, doucement. Il est parti. Dans la salle d’attente, une dame m’a dit qu’elle était venue de Cherbourg en bus pour avoir ce rendez-vous. Elle souffrait atrocement d’intolérances alimentaires. Nous avons attendu très longtemps. Olga est apparue furtivement et a hoché la tête en me regardant avant de repartir. J’ai entendu un homme crier, dans une salle. La curiosité a fait place à l’inquiétude. Monsieur Wu naviguait d’une porte à l’autre, dans la maison, je le voyais passer dans le couloir. Il semblait très calme et sa voix grave emplissait le lieu : « mmmmmmmmmm ».

J’ai encore en tête les motifs des carreaux-ciments ocre-bleu du sol de la salle d’attente. Au bout d’un long moment, Olga est venue me chercher. Je suis entrée dans une petite salle. Monsieur Wu m’a fait asseoir et m’a demandé pourquoi j’étais là. Je lui ai dit : « dépression. » Il m’a demandé de tirer la langue et a hoché simplement de la tête. « Oui c’est vrai, mais ça va passer ». Ensuite, Olga et monsieur Wu m’ont demandé de m’allonger sur le sol et ont procédé à tout un tas de massage de points précis, le menton, les tempes, ils m’ont manipulé le corps. A la fin, ils se sont mis chacun à une extrémité de mon corps, Monsieur Wu me tenait le petit doigt de la main gauche et Olga un doigt de mon pied droit. Et là, ils m’ont secouée en l’air comme si j’étais le plus léger des draps qu’il soit ! Bluffant ! Même opération de l’autre côté.

Et voilà, c’était tout.

Nous n’avons pas parlé.

Nous nous sommes quittés.

Je n’ai pas vu de signe de guérison immédiatement, mais une détente, plus de facilité à dormir. Cette phrase « Oui, mais ça va passer », résonne encore dans ma tête. À la fois elle reconnaissait ma douleur, mais en même temps lui donnait un terme.

J’ai guéri, plus tard, avec le temps, avec cette aide et l’aide de ma famille, et de la médecine classique… Je pense que j’ai guéri quand mon corps a eu fini de purger son mal…

Ce que j’ai appris plus tard, en retournant voir Olga à chaque changement de saison comme j’aime le faire, c’est l’approche préventive de la médecine chinoise. Nous y allons non pas pour guérir quand nous sommes malades, mais pour entretenir notre santé et prévenir les maux. Un médecin chinois qui n’a que des patients malades est un mauvais médecin, dit-on !

Olga j’espère vraiment que tu pourras venir nous voir ici, notamment pour ceux qui ne peuvent se déplacer jusqu’à Chassal.

Marie Fidel
17 février, 2022
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